Ce cabaret a eu lieu au cours de l’année 1994 au Pigall’s à Paris, une scène Rococo des années 20. Il avait pour principe de réunir des artistes d’expressions diverses, comédiens, danseurs, contorsionnistes, jongleurs, chanteurs mais aussi plasticiens. Ces artistes ont travaillé des performances autour d’un thème central, « Nu et habillé ». Ayant par ailleurs affirmé leur propre écriture, ils ont par la forme spécifique du genre consolidé certaines pensées, certains points de vue et adapté leur discipline au temps du cabaret et à un public inhabituel. Les artistes ont éxécuté leurs numéros seuls ou en collaboration. Le but de Catherine Baÿ étant d’ouvrir les champs d’investigation, elle a, parallèlement à son travail d’auteur observé plus particulièrement la recherche des plasticiens, souligner les possibilités que ceux-ci ont de s’entendre avec d’autres formes artistiques plus familières de la scène. Ainsi Sylvia Bossu qui travaille autour de la disparition collaborera avec un magicien.
Il s’agit de créer des liens, des passerelles entre les différentes pratiques artistiques.
Claire Joubert, contorsionniste.
Ce mélange hétéroclite, ludique et quelque peu provocateur, trouve depuis déjà un an son écho dans un public qui, tout en se divertissant, peut confronter son regard à celui de ces artistes.Ce mélange hétéroclite, ludique et quelque peu provocateur.On ne va pas au cabaret comme on irait voir un spectacle, une exposition ; ici, tout le monde paye sa place car il faut pouvoir huer autant que défendre.Ce cabaret a pour ambition d’ouvrir les frontières entre les différentes formes artistiques et nouer avec le public un dynamisme d’échange. Divisée en quinze numéros cette structure fragmentaire est en opposition à tout désir de globalité ou de définition générale du spectacle. C’est à travers ces morceaux de corps que va se dessiner le « territoire mobile » d’un spectacle en devenir.
Travailler dans la nécessité. Le temps du cabaret est le temps de la nécessité.
Direction artistique Catherine Baÿ.
Joséphine Martin.
Notes sur la forme
« La forme, c’est le costume que nous mettons pour couvrir notre honteuse nudité. »Gombrowitcz
« On pourrait également parler de l’art de la surface et du contour qui ne contourne rien. »
« Il ne s’agit pas de cacher la forme mais au contraire de lui donner cette excroissance chaotique et dérisoire mettant en relief une certaine partie de l’âme. »C.B
-Le cabaret s’articule sur la métaphore d’un grand corps démantibulé qui chercherait frénétiquement à joindre ses bouts.
-Ne voulant faire de démarcation entre le jongleur et le plasticien, c’est une autre juxtaposition qui apparaît, d’autres liens.
-On peut s’étonner que ce soit autour d’un grand corps démantibulé que le spectacle se constitue, mais les disciplines contemporaines, ainsi que leur code de représentation, sont trop rigoureux pour que l’on n’est pas envie de les désarçonner.
-Qu’apparaissent dans le même mouvement, et avec la même urgence, des bras à la place des jambes, des têtes au lieu des mains, des nez trop grands qui déséquilibrent les corps. Autant de numéros que de mini catastrophes, déséquilibres, injustice, bégaiements, surcharges, encombrements ; révélant les coulisses d’une société régit par l’image propre et envahissante d’un corps parfait.
Il s’agit dans le cabaret de faire ressortir la forme. Forme des corps, du pouvoir et du langage.
Notes sur la structure
« Parler de mise en scène, c’est parler de montage. »Jean-Luc Godard.
« La structure joue sur la fragmentation en opposition à l’unité. »
« Accumulation de seins, de membres, de paroles. Strip-tease de gestes, de mots et de sons. » C.B
La structure du cabaret, dans sa série de numéros, constitue les figures de la conscience minoritaire et une mise en avant des différences ; c’est en cela que l’on peut parler de politique.
Contenu
Parce que l’on ne sait plus de quel encombrement ou de quel manque nos sociétés sont faites.
De quelle famine ou boulimie nos désirs.
De quel sexe on se cache ?
Parce qu’on ne sait plus de quoi se revêtir, gâtés de trop de déguisements.
Il s’agit de savoir encore et encore où sont nos mains, nos pieds, nos têtes, et de se poser la question à quoi cela peut-il bien servir ?
Ami Garmon.
Plasticiens ayant participé au cabaret :
Alain Bernardini (Galerie Anne de Villepoix, Paris)
Isumi Tachiki présentée par C.Boltanski.
Sam Samore (Galerie Anne de Villepoix)
Marie-Ange Guilleminot.
Artistes du monde du spectacle :
Jean-Louis Berdat, acteur.
Flaminio Corcos, acteur.
Caroline Delaporte, jongleuse.
Maya Felback, équilibriste.
Seb Laplanche, danseur.
Laurence Levasseur, danseuse.
Marcel et Roger, jongleurs.
Joséphine Martin, actrice.
Philippe Marton, écrivain.
Alain Rigout, danseur/acteur.
Bergit Thiel, chanteuse/actrice.
Ami Garmon, danseuse.
Claire Joubert, contorsionniste.
Beth Wigenstein, architecte.
Jérémy et sa cousine, Chœur de gospel.
Philippe Rigot, acteur.
Ghedalia Tazartes, musicien.
Catherine Baÿ, chorégraphe.